Tandis qu'il travaillait à la rédaction finale de l'Homme révolté, de janvier à juillet 1951, les motifs d'inquiétude ne manquaient pas à Camus. Les Chinois étaient intervenus dans la guerre de Corée depuis le mois de novembre 1950; en janvier, l'évacuation de Séoul était ordonnée. La fièvre de la guerre s'était emparée de la France.
Les intellectuels français envisageaient l'éventualité d'une invasion soviétique et de l'occupation de leur pays. Simone de Beauvoir rapporte que Francine Camus, comme elles sortaient ensemble d'un concert de Bartok, lui déclara : «Moi, le jour où les Russes entrent dans Paris, je me tue avec mes deux enfants» Dans une classe de lycée, note également Simone de Beauvoir, les élèves avaient conclu entre eux un pacte de suicide collectif en cas d' «occupation rouge ».
Lors d’une conversation au café Balzar, près de la Sorbonne, Camus demanda à Sartre сe qu'il envisageait de faire au сas où les Russes débarqueraient. Il ajouta - d'après la citation de Simone de Beauvoir : «Ne restez pas!» Sartre demanda alors à Camus s'il envisageait lui aussi de partir; Camus répondit qu'il ferait la même chose que sous l’Occupation.
-- Herbert R. Lottman, Albert Camus (tr. Marianne Véron)
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